Béthanie - La maison de l'Humiliée

Publié le par heureusemaman

Béthanie - בית תאנה

 

de l'hébreu beth, maison et tania, figue

ou de l'hébreu beth, maison et hannah, grâce, miséricorde

ou de l'hébreu beth, maison et de ani, עֳנִי, affliction, pauvreté, souffrance, misère

 

La signification du mot '' Béthanie '' est donc difficile à préciser et les traducteurs ne sont pas tous en accord. Je m'attacherai ici à la signification à partir de laquelle le Saint-Esprit m'a parlée et encouragée dans une temps de méditation personnelle. J'ai presque envie de dire que cette pensée relie les différentes traductions possibles entre elles....

 

Tout est parti d'une petite note dans la traduction Chouraqui en Matthieu 21: 17 :

'' Béthanie, maison de l'Humiliée. ''

 

 

Parfois, ou souvent, ou trop souvent, nous nous sentons humilié(e)s, méprisé(e)s, rabaissé(e)s, ignoré(e)s, dans notre propre maison, au milieu de notre propre maisonnée. Que ce soit par un(e) conjoint(e), par un ou plusieurs enfants, par un de nos parents. Notre maison devient ainsi, malgré nous, non pas un lieu de repos et de sécurité pour notre âme, notre cœur, notre être intérieur, un lieu où l'on se sent bien, où nous trouvons un bien-être physique, mental, psychologique et spirituel, mais un lieu d'humiliation et d'affliction, un lieu où l'on se sent mal, sans valeur, peut-être même rejeté(e). Et si nous sommes des femmes, nous pourrions alors nommer notre maison '' Béthanie '', maison de l'Humiliée. Et nous sentir oubliées, abandonnées, ignorées de Dieu Lui-même.

 

Mais il n'en est pas ainsi. Jésus vient à notre rencontre au cœur même de notre humiliation, vient dans notre maison, est présent dans notre maison, et peut même conduire des cœurs tout autant ou plus brisés que le nôtre dans notre maison. Jésus-Christ, Celui qui fut humilié jusqu'à avoir Sa nudité exposée aux yeux de tous sur la croix, est proche de ceux qui sont humiliés. Il vient vers eux, chez eux, et y manifeste puissamment Sa grâce. Chouraqui traduit ainsi Matthieu 5 : 3 : '' En marche, les humiliés …! Oui, le Royaume des ciels est à eux. ''

Et si nous apprenions à considérer l'humiliation comme une porte ouverte sur le Ciel ? Je n'ai pas la prétention de dire que j'y arrive déjà. Je n'ai pas la prétention de dire que c'est facile. Je n'ai pas la prétention de dire que cela retire la souffrance de l'humiliation. Je dis simplement, ou, plus exactement, le Saint-Esprit m'invite à poser un autre regard sur certaines situations difficiles, à considérer l'humiliation de son point de vue à Lui, à y donner du sens et à en faire quelque chose qui nous amène plus proche de Lui plutôt que quelque chose qui nous anéantit (note : Mon propos ne concerne pas ceux et celles qui sont la proie de personnes perverses narcissiques. La problématique est différente, même si, bien sûr, cet enseignement peut être source d'encouragements pour eux et elles aussi.)

 

Il '' sortit de la ville pour se rendre à Béthanie, où Il passa la nuit. '' (Matthieu 21: 17). Béthanie, un lieu de repos pour le Seigneur … Jésus ne craint pas de venir là où se trouve l'humiliation, Il n'est pas fatigué par ce que nous vivons de difficile. Il vient nous rejoindre dans notre Béthanie et Sa présence devient ainsi notre propre source de repos intérieur. Il vient à nous pour que nous venions à Lui : '' venez à moi … et moi je vous donnerai du repos. '' (Matthieu 11:28) . Béthanie devient ainsi un lieu de rencontre divine.

 

Marthe, Marie et Lazare habitaient à Béthanie. C'est donc à Béthanie que Marie s'assit aux pieds de Jésus pour L'écouter et nourrir ainsi son être intérieur (Luc 10 :39). Et c'est là aussi que Jésus invita Marthe à trouver le repos de son être, sa valeur et le sens de sa vie en dehors du faire, l'invitant ainsi à cesser de s’inquiéter et de s'agiter (Luc 10 : 41-42) . Béthanie, l'humiliation, peut donc devenir un lieu d'écoute de Jésus – Christ, Celui là même en qui repose notre identité, notre valeur, notre dignité. Et là encore nous pouvons trouver le repos pour nos êtres intérieurs malmenés.

 

Béthanie est aussi le lieu de la résurrection de Lazare (Jean 11 : 1 à 44). C'est un lieu dans lequel la présence de Jésus fait triompher la vie, ramène à la vie ce qui est mort. Car le Seigneur ne souhaite pas que nous soyons détruit par l'humiliation. Certes, notre chair, notre ego sont bien souvent détruit par celle-ci, mais le Seigneur vient et nous appelle à vivre de Sa vie en nous, c'est-à-dire non à partir de ce que nous sommes humainement mais à partir de ce que nous sommes en Lui, à partir de Sa parole de vie. Jésus vient ainsi ressusciter les parties détruites de nos êtres, Il ramène à la vie ce qui en nous était mort, afin que nous vivions de la vie qu'Il nous donne (Jean 11 : 25-26).

Alors oui, certes, nous pourrions nous aussi faire au Seigneur le reproche que Marthe et Marie lui firent : '' si tu avais été ici …. '' (Jean 11 : 21 et 32)…. '' Si tu avais été ici je n'aurai pas vécu l'humiliation, si tu avais été ici, je ne serai pas détruit(e) dans mon être intérieur, si tu avais été ici, tu aurais empêché ces paroles destructrices, humiliantes, dénigrantes, rabaissantes etc …. Si tu avais été ici, tu m'aurais protégé(e). '' Mais Jésus veut nous amener plus loin, Il veut nous conduire à voir la gloire de Dieu ( Jean 11: 40). Car si l'humiliation conduit notre ego narcissique à la mort, elle ne peut pas toucher et détruire notre ego divin, c'est – à-dire le fait que nous sommes enfants, fils et filles de Dieu, notre identité en Christ : '' celui qui croit en moi, même s'il meurt, vivra. '' (Jean 11 :25). Autrement dit, il y a une part en nous-mêmes que l'humiliation ne peut atteindre et détruire : notre dignité, notre valeur, notre identité, qui nous sommes et ce que nous sommes en Christ. C'est là la limite de l'humiliation. L'autre peut m'humilier, me rabaisser, me dénigrer, m'ignorer, me fustiger et bien d'autres choses. Mais ses attaques ne cibleront et n'auront d'impact que sur une seule chose : mon identité naturelle. Et non mon identité spirituelle : '' Nous savons que nous sommes de Dieu. '' (I Jean 5: 19).

 

Béthanie, est également le lieu dans lequel Jésus fut accueilli dans la maison d'un lépreux (Marc 14 : 3). La lèpre, dans la Bible, représente le châtiment et l'exclusion. Elle est la conséquence du péché et était considérée comme extrêmement contagieuse. En plus de porter sur son corps de manière bien visible les stigmates du péché, le lépreux vivait le rejet, vivant ainsi une double humiliation : physique et sociale (Lévitique 13 : 45 -46). Jésus, en allant chez Simon,mais aussi à la rencontre de plusieurs lépreux (Luc 5: 12-13, Luc 17: 12) prenait le risque d'être Lui-même considéré comme impur. Jésus a pris le risque d'aller à la rencontre de l'humilié physique et social. Il ne l'a pas considéré comme moindre, inférieur. Il lui a fait la grâce de Sa présence au sein de son humiliation. Il ne s'est pas laissé influencé par les codes sociaux et la religiosité de la loi qui interdisait de s'approcher d'un lépreux. Mieux, Il l'a touché, l'a guérit et lui a ainsi permis de réintégrer la communauté. Jésus guérit et rétablit socialement. Que cela nous inspire à avoir nous-mêmes des paroles et des attitudes qui sont sources de guérison et non d'exclusion face aux humiliés de notre entourage, de notre communauté, etc … Et, aussi, que nous nous rappelions, nous qui sommes humilié(e)s, que Jésus, dans notre lieu d'humiliation, s'approche de nous et nous touche non seulement pour retirer ce qui est la cause de notre humiliation, mais aussi pour nous rétablir relationnellement, socialement. Que ces paroles soient porteuses d'espérance.

 

Béthanie, de plus, fut le lieu où un précieux parfum fut versé sur Jésus. C'est le lieu du don au Seigneur de ce qui nous est le plus précieux, c'est le lieu d'un acte d'amour particulier envers le Seigneur. Luc 7:37 attribue à la femme qui versa le parfum le statut de femme pécheresse. Quelles que soient les réalités de vie de cette femme, ce statut était particulièrement humiliant. Son mal être intérieur ne pouvait qu'être grand. Et pourtant, elle s'approche, publiquement, dans un milieu exclusivement masculin, du Maître et Lui offre ce qu'elle a de meilleur, de plus coûteux. A travers le parfum, c'est elle qui se donne. Que jamais notre humiliation et la honte qu'elle entraîne ne nous empêchent de nous approcher de Jésus, quelque soit l'endroit où nous nous trouvons, quel que soit l'endroit où nous Le savons être. Que jamais nous ne pensions que nous n'avons rien à offrir au Seigneur. Comme cette femme, faisons pour Lui tout ce que nous pouvons (Marc 14: 8), aussi imparfait et insuffisant cela puisse -t -il paraître à nos propres yeux, aussi critiquable et incompréhensible ou insensé cela puisse-t-il être aux yeux des autres et particulièrement de ceux qui nous méprisent. Aimer le Seigneur de tout notre cœur et le Lui manifester avec ce que nous avons et sommes touchera toujours le cœur de Dieu, quelque soit l'humiliation et l'indignité humaine dont nous sommes chargés. Ne nous laissons pas tracasser par ce qu'en pensent les autres, qu'importe si c'est même un sujet d'humiliation supplémentaire. Rappelons-nous alors que '' l’Éternel ne considère pas ce que l'homme considère … mais l’Éternel regarde au cœur '' (I Samuel 16:7). C'est le regard seul de Dieu sur nos vies qui compte. C'est Lui seul qui peut dire : '' c'est une bonne œuvre '' (Marc 14 : 6), quoi qu'en pensent les autres et quel que soit leur jugement sur nous. Béthanie, la maison de l'Humiliée, devient ainsi le lieu du regard de Jésus sur nos vies et sur nos œuvres. Et cela n'est jamais pour nous amoindrir, nous rabaisser, nous mépriser. Jésus ne dit-Il pas que dans le monde entier on racontera ce qu'a fait cette femme (Marc 14: 9) ? Quelle rétablissement dans la dignité à l'endroit même de l'humiliation !

 

Enfin, Béthanie est le lieu la bénédiction de ceux qui sont amenés par Jésus à cet endroit puis de Son ascension (Luc 24: 50 et 51). Nul doute que Jésus bénit les humiliés, comme cela fut rappelé plus haut avec Matthieu 5: 3. Cette bénédiction n'est pas des moindres : le Royaume des cieux ! Et les humiliés vivent le Royaume des cieux d'une façon bien particulière. Ils le vivent déjà à l'intérieur d'eux-mêmes car le monde n'a rien à leur offrir pour établir ou rétablir leur dignité. Plus que d'autres, ils ont certainement une conscience particulièrement aiguisée d'être citoyens du Royaume (Philippiens 3:20), que leur identité et leur valeur ne sont pas déterminées par ce qu'ils sont ou ont sur terre mais par ce que Dieu dit qu'ils sont et valent : '' la prunelle de Son œil '' (Zacharie 2:8).

Et oui, Béthanie est aussi le lieu de l'Ascension, le lieu de la séparation. Est-ce à dire que nous sommes abandonné(e)s de Dieu, oublié(e)s, séparé(e)s de Lui ? Livré(e)s sans secours à l'humiliation ? Condamné(e)s à vivre sans Lui dans la maison de l'humiliation ? Certes non, Le Seigneur promit aux disciples cela -même qu'Il nous offre minute après minute : '' un autre consolateur '' ( Jean 14:16). Nous ne sommes et ne serons jamais abandonné(e)s par Dieu au cœur et au creux même de notre humiliation, '' Il demeure éternellement avec [nous] '' ( Jean 14:16). Souvenons-nous donc que l'Esprit de consolation est aussi l'Esprit de vérité (Jean 16:13). Et la vérité, c'est aussi ce que nous sommes en Christ, c'est notre valeur et notre dignité en Christ qui nous retire nos vêtements sales et nous revêt d'habits de fête (Zacharie 3 : 3-4). C'est pourquoi nous pouvons, au milieu -même de l'humiliation, être rempli(e)s de joie : '' c'est ainsi que vous êtes maintenant dans l'affliction ; mais je vous verrai à nouveau, votre cœur alors se réjouira, et cette joie, nul ne vous la ravira. '' (Jean 16: 22).

 

 

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