Allaiter un enfant de plus de 3 ans ( témoignage)

Publié le par heureusemaman

Voici en avant première la copie du texte écrit pour la revue Allaiter Aujourd'hui (thème du numéro à paraître : allaiter plus de 3 ans)

 

L'intitulé de ce thème me replonge il y a presque 18 ans en arrière lorsque, pour la première fois, alors que j'étais maman de ma seconde petite puce, j'ai vu pour la première fois un bambin de 3 ans téter sa mère. Quoique le considérant concevable, j'ai été quelque peu gênée et me suis demandé si cela serait aussi pour moi un jour, sans trop de motivation…. Et finalement, cela l'a été – et  l'est encore !
Maman de 6 enfants, j'en suis à presque 20 ans d'allaitement : la moyenne de la durée de mes allaitements est vite faite … Encore qu'il s'y trouve des variantes : 13 mois et demi pour la première (faute d'avoir les bonnes infos), 3 ans et demi pour les deuxième et troisième, 5 ans pour la quatrième, 4 ans et demi pour la cinquième et bientôt  5 ans pour la sixième (oui, je n'ai que des filles:-)!)
Je ne suis pas naturellement tombée dans l'allaitement au long cours : lorsque mon 2ème bébé a approché de ses 2 ans, je me suis documentée en mode + + + + pour savoir quelles seraient les raisons valables qui pourraient me pousser à poursuivre l'allaitement. C'est là que j'ai découvert la Leche League et son admirable documentation en la matière et c'est suite à toutes les informations recueillies que j'ai choisi d'allaiter jusqu'au sevrage naturel de mes bébés / bambins. Grand bien m'en a pris, l'allaitement est l'une des plus belles choses que j'ai vécu (et vis encore) dans ma vie. L'allaitement a fait de moi une mère et l'allaitement au long cours m'a permis de développer sur la longueur une relation des plus gratifiantes avec chacun de mes enfants. Certes, cela n'est pas toujours simple : je n'ai eu que des bébés aux besoins intenses, aux alentours des 18 mois le rythme des tétées redevient celui des nourrissons, les tétées de nuit peuvent perdurer … des années ( qui peuvent devenir des décennies en cas de grande fratrie lol !), l'impression d'être seule au monde (je veux dire dans la famille!) a posséder le remède miracle pour calmer les bobos du cœur et du corps est parfois pesante, mais franchement, le ressenti global de toutes ces années d'allaitement est positif et si c'était à refaire, je le referai sans l'once d'une hésitation !! Je vis d'autant plus sereinement la longueur de mon dernier allaitement que j'ai le recul  des aînées : mes filles sont totalement indépendantes, sociables, équilibrées, ouvertes sur le monde, pas du tout en mode fusionnel avec moi (bien au contraire : les caractères sont bien trempés … tiens l'allaitement n'y serait-il pas pour quelque chose d'ailleurs ? Genre confiance en soi bien développée, '' mode''  sécure activé, certitude d'être prise en considération quand elles expriment un besoin, ce qui facilite l'estime de soi , etc …).
L'allaitement long, je l'apprécie pour plein de raisons : d'abord, il est respectueux de l'enfant, car il permet d'attendre que le fruit soit mûr pour se détacher de l'arbre ( de nous) et la maturité, c'est un cheminement, pas une obligation arbitrairement décidée pour telle ou telle raison de l'ordre de l'arrangement personnel (bon d'accord, parfois, il m'est arrivée de pousser un peu artificiellement la maturation … mais le fruit était de toute façon déjà presque totalement mûr à ce moment là). Ensuite, c'est vraiment le remède miracle UNIVERSEL : avec une tétée, TOUT se soigne, tant les maux physiques (gastro, rhume, otite, et compagnie (liste infinie) dont les témoignages abondent dans cette magnifique revue) que ceux psychiques (ces maux qu'un bambin a parfois tant de mal à mettre en mots), sans compter les multiples circonstances où l'allaitement permet de gérer une situation qui pourrait vite devenir délicate (genre bambin insupportable en mode '' bouge partout-déménage tout- casse les pieds à tout le monde '' qui, comme par enchantement, devient extraordinairement calme dès lors qu'il se trouve occupé à téter). Enfin j'y ajouterai aussi, pendant fort apprécié des multiples dérangements nocturnes, les (presque tout autant multiples) matins où le réveil s'est prolongé, en douceur et dans la tendresse, grâce à la tétée matinale. Et les couchers dont le rituel devint au fil des années et des enfants la tétée d'endormissement (sauf lorsque je ne suis pas là : papa ou les grandes sœurs, lorsque les bambines grandissent, peuvent prendre le relais), couchers que ce rituel rend simples et rapides, calmes et paisibles et d'une efficacité imparable lorsque les bébés deviennent des bambins capables de se relever un nombre incalculable de fois pour plein de raisons qui sont les leurs mais qui nous ennuient profondément ( toutefois pour que ce rituel soit pleinement efficace , il y a une contre-partie : choisir de faire confiance à son enfant : c'est lui qui indique le moment où son petit train du sommeil passe, pas l'horloge … Mais bon, c'est un autre sujet!).
Et le regard des autres ? Comment gérer l'allaitement d'un grand en public ? Bof, ai-je envie de dire, pas si compliqué que ça … Plus l'enfant grandit et moins il demande à téter en public, il a bien mieux à faire en général. On peut aussi lui demander d'attendre d'être rentré à la maison, il est parfois capable d'accepter d'attendre. Et puis, on a eu le temps de s'y faire à ces tétées en public et de développer des stratégies de discrétion qui sont propres à chacune. Il est aussi souvent possible de s'isoler un bref moment dans un petit coin (par exemple du genre '' j'accompagne mon enfant aux toilettes '')   pour ce que j'appelle une '' tétée debout'' (on se penche vers l'enfant qui est debout devant nous pour qu'il prenne le sein ). Avoir un grand foulard avec nous pour cacher une tétée et faire croire à un gros câlin est aussi parfois bien utile. Sincèrement, en presque 20 ans d'allaitement en tous lieux et avec des enfants de tous âges (enfin, mon expérience se limite à la tranche entre 0 - 5 ans), je n'ai quasiment jamais eu de remarques. Je sais que c'est assez exceptionnel, mais que cela encourage chacune d'entre vous à tenter l'aventure. On se fait de toutes façons moins remarquer en allaitant discrètement qu'avec un enfant inconsolable ou en pleine colère ….
Je poursuivrai en disant que l'allaitement long permet de se donner plus de temps pour poser une relation saine et paisible entre soi et son enfant car ce lien lacté, qui nous donne une fine intuition de  notre enfant et une connaissance plus intime de sa personne, se maintient parallèlement à la mise en place de notre relation langagière avec lui. De plus en plus l'enfant va apprendre à exprimer (et aussi gérer ) ses émotions par le langage, mais lorsque celles-ci débordent parfois trop vite ou trop abondamment au point de noyer les mots, la tétée demeure une digue extraordinaire qui permet de ramener le calme (en nous aussi d'ailleurs) et de pouvoir ensuite  parler posément de ce qui s'est passé, de désamorcer des situations conflictuelles ou d'éviter une sanction donnée sous l'effet du trop plein que nous aussi pouvons ressentir face au comportement insupportable (ou même incontrôlable) de notre enfant (aspect que j'apprécie particulièrement avec ma dernière qui est très très spéciale à ce niveau-là).  La transition (ce temps de '' bambinage '' ai-je envie de dire) entre l'état de bébé et l'état d'enfant , est grandement facilitée par ce va-et-vient ( ou ce choix que nous permettons à notre bambin) entre le contact sensoriel apaisant que procure la tétée et le langage. Langage qui d'ailleurs se révèle parfois succulent lorsqu'il parle de l'allaitement et du doux bonheur qu'il apporte à notre petit être humain, car je suis convaincue d'une chose : l'allaitement, ce sont les bambins qui en parlent le mieux, et je savoure à chaque fois leurs merveilleuses phrases exprimant le bonheur, la joie et l'émerveillement  qu'ils ont très certainement ressenti depuis leur première tétée et qu'ils ne sont capables d'exprimer que lorsque, justement, ils passent, petit à petit, au langage … Mais pour vivre cela, il n'y a qu'un seul chemin : celui de l'allaitement long, et même parfois très long ….
Je terminerai en disant que l'allaitement long est aussi une douce transition pour la maman vers une autre saison de sa vie de femme. A l'arrivée de presque 2 décennies d'allaitement derrière moi, je sais que d'ici peu ce chapitre de ma vie sera complètement écrit et, avec le bonheur que j'y ai vécu, je ne me vois pas l'interrompre comme cela, de ma propre initiative. J'ai donné à chacun de mes enfants la possibilité de prendre le temps de mûrir vers le sevrage, c'est une possibilité que je me donne aussi maintenant : prendre le temps de savourer tranquillement ces derniers temps de tétées, de me préparer à entrer dans un chemin de vie sans bébé, sans bambin, sans allaitement,  nourrie et construite au travers de ces  maternités qui m'ont révélées à moi-même et aux multiples beautés de la vie de femme. Ma petite puce étant encore bien accroc de la tétée pour ses bientôt 5 ans, ce dernier allaitement au long cours s'achemine à son terme au rythme d'un long fleuve tranquille, rempli de douceur, de tendresse, de sourires complices, de bien-être pour elle et moi. En cela, je termine  ma saison de maman allaitante comme je l'ai commencé, les petits d'amour de ma bambine en sus ...<3


                                                                                      

Publié dans maternage-allaitement

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
L
super interessant
G
Bonjour,<br /> N'avez-vous pas eu de problème pour allaiter pendant vos grossesses?<br /> Je crains que le production de colostrum ne suffise plus à mon bébé et que la peau devenant plus sensible, je sois obligée de sevrer mon bébé brutalement (si j'étais obligée de le faire, je préfèrerais le faire en douceur sur plusieurs mois).<br /> Comment ça s'est passé pour vous?<br /> glycine82
G
Merci beaucoup, vos réponses sont vraiment très intéressantes!
H
Alors il n' y a vraiment pas lieu de s'inquièter. Mes enfants ont, pour la plupart, 2 années d'écart, ce qui signifie un début de grossesse vers les 15 mois du précédent. A cet âge -là les enfants sont ou commencent à se diversifier. Ce qui est essentiel, c'est l'apport en calcium que l'on peut trouver notamment dans les fruits secs (donc figue à mâchouiller, purée d'amandes, de noisettes, de sésame que l'on peut trouver en magasin bio ) et, si vous en mangez vous-même, les légumineuses (lentilles par exemple) car le bébé y sera déjà habituer via le lait maternel et cela ne devrait pas lui poser de soucis de digestion ( faire cuire à feu doux et avec un démarrage à l'eau froide). Les produits laitiers ne sont donc pas indispensables .... et rien ne dit que l' allaitement de votre aîné durant la grossesse connaîtra ce moment de '' tétée à vide '' : cela diffère d'une maman à l'autre et, chez une même mère, d'une grossesse à l'autre.
G
Mon bébé a 11 mois pour l'instant mais je ne suis pas encore enceinte. Merci encore pour le temps que vous prenez pour me répondre.
H
Quel âge a votre bébé ?
G
Merci beaucoup pour votre réponse!<br /> Pendant cet éventuel passage à vide, avant l'arrivée du colostrum, pensez-vous qu'il soit nécessaire de complémenter le bébé pour qu'il ait quand même sa ration quotidienne de lait?
H
Bonjour,<br /> <br /> Les problèmes rencontrés ont surtout été de l'ordre de l'inconfort : douleurs mamelonnaires accentuées durant la tétée et problèmes de position : faire téter un grand bébé ou bambin avec un gros ventre, c'est pas toujours top au niveau installation !! Pour le reste, no souci. Peu à peu le lait peut éventuellement se tarir avant que le colostrum arrive et certains bambins tètent à vide durant quelques temps (mais ont quand même besoin de téter pour le côté sécurisant que cela leur apporte). Ensuite, le nouveau-né est toujours prioritaire puisque le colostrum sera normalement présent à la naissance (un nouveau cycle recommence) et le corps fabriquera le lait selon la demande : pour un s'il n'y a qu'un téteur, pour 2 s'il y a 2 téteurs ! Plus les seins sont stimulés, plus ils fabriquent du lait. Il n'y a donc aucun souci de quantités à avoir, du début à la fin. Quant à la peau, si la prise du sein est correcte, il n' y a aucune crainte à avoir.
M
Bonjour,<br /> Votre article est intéressant. Je me posais justement la question de sevrer ma fille de 3 ans. <br /> Mon mari m'a toujours soutenue, mais là, il commence à me demander quand je vais la sevrer. Moi aussi, je commence à ne plus avoir envie de l'allaiter.<br /> Comment s'est passé le sevrage des grandes soeurs? Avez-vous toujours eu envie de continuer?<br /> Mélody
H
Bonjour,<br /> <br /> Vous pouvez lire mon article intitulé '' sevrage du sein maternel '' dans la catégorie Bible et allaitement. Vous y trouverez certainement des pistes pour vous-mêmes.